http://www.60millions-mag.com/actualites/archives/attention_nbsp_usurpation_de_services_publics

Mis à jour le 07 mars 2012 - Détournant l’image des Allocations familiales, de l’Assurance maladie ou de Pôle emploi, des sites web conduisent les internautes à appeler un numéro lourdement surtaxé.

Des fraudes à foison

De nombreux petits malins utilisent les liens publicitaires de Google pour faire payer des services en principe gratuits, ou pour les faire payer plus cher que nécessaire. L’été dernier, nous dénoncions un site qui trompait les automobilistes cherchant à payer leurs amendes en ligne. L’autorisation ESTA, nécessaire pour voyager aux États-Unis, est aussi objet d’arnaques. Et l’on trouve même des sites s’inventant un partenariat avec 60 Millions…

Est-ce un effet de l’enquête que nous avons menée et publiée ? À ce jour, les trois sites litigieux mentionnés dans cet article ne sont plus accessibles. Mais pour les internautes, mieux vaut rester vigilants. D’autres ne manqueront pas de prendre le relais…

Ils sont trois, et ce sont des clones. Des sites web quasi-identiques, affichant bien gros le logo de la Caisse d’allocations familiales (Caf) pour le premier, de Pôle emploi pour le deuxième, de l’Assurance maladie pour le troisième. Des sites dont les noms de domaine ont été réservés entre le 25 et le 28 décembre dernier, et qui sont conçus pour piéger l’internaute pressé de contacter l’un de ces services publics.

Parfois, la victime elle-même ne comprend même pas qu’elle est tombée dans un traquenard. « J’ai voulu téléphoner à la Caf, en faisant un numéro commençant par 0899 », raconte Benjamin. N’ayant personne au bout du fil, il multiplie les appels. Au total, ils lui coûteront 16,86 € ! À ce moment, il croit avoir été rançonné par la Caf elle-même.

Liens publicitaires mis en avant par Google

En fait, le piège a débuté sur Google. Selon toute vraisemblance, Benjamin y a tapé « numéro Caf » ou « contacter Caf ». Ces requêtes ont fait apparaître, en tête de liste, le site Contacter-la-caf.com. Il s’agit en fait d’un lien publicitaire, payé par l’éditeur de ce site commercial. Les internautes n’identifient pas toujours clairement la nature sponsorisée des liens figurant dans le cadre coloré de Google. De nombreux escrocs en profitent (voir l’encadré ci-contre).

Contacter-la-caf.com usurpe l’image de l’organisme de service public. Tout comme Contact-pole-emploi.com et Contacter-cpam.com, il renvoie vers un numéro lourdement surtaxé – celui qui a coûté si cher à Benjamin. Bien sûr, en petits caractères, chacun de ces trois sites dévoile sa vraie nature : un « service de misse en relation [sic] téléphonique indépendant des sociétés ou services publiques référencer [re-sic] sur ce site ».

Quinze fois plus cher que le numéro officiel !

Un « service », vraiment ? Dix minutes d’appel y sont facturées 4,74 € depuis un téléphone fixe, soit quinze fois plus que l’appel au véritable numéro de la Caf ou des autres organismes visés. En plus, la mise en relation promise par ces sites – édités par une société marocaine et hébergés au Québec – a tout l’air d’être inopérante…

Les victimes, elles, sont bien réelles. Et ces fraudes ne sont pas isolées. Les organismes concernés les traquent. « Nous pouvons les attaquer pour l’utilisation de notre marque sans autorisation, explique un porte-parole de Pôle emploi. Nous sommes aussi en discussion avec Google, afin de réduire leur visibilité. »

Des sites parasites qui profitent de la précarité

D’autres sociétés utilisent le même stratagème. « Nous sommes actuellement en contentieux avec douze sites différents qui, d’une façon ou d’une autre, cherchent à induire les allocataires en erreur, confie-t-on au siège de la Caf. Ce sont des sites parasites qui profitent de la précarité de ce public pour faire du profit. »

Mais les procédures judiciaires sont d’autant plus longues que les sites sont établis à l’étranger. En attendant qu’elles aboutissent, pour trouver le numéro de téléphone ou le site web d’un organisme officiel, fiez-vous avant tout aux courriers qu’il vous a envoyés. Et retenez que la plupart des arnaques utilisent un numéro commençant par 0899, le palier le plus onéreux des numéros surtaxés. À fuir.

Benjamin Douriez

source : 60 Millions de consommateurs